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Les idées vagues de Snapulk...

Le monde, à travers sa cuisine surtout, mais aussi des voyages, et des idées.

Madagascar (5), petit train de Manakara et achards de légumes

Après ces petites balades tranquilles dans une nature généreuse, nous apprenons que le petit train fonctionne de nouveau.

Pas d'hésitation, nous décidons que nous ne manquerons pas cette fois, ce voyage décrit comme suit par le Guide du Routard:

" Le train Fianarantsoa-Côte Est  est la seule ligne de train du pays fonctionnant à peu près normalement. Un voyage à ne pas manquer le long de cette voie construite par les colons au début du XXè siècle pour ouvrir Fianarantsoa sur le port de Manakara. D'abord pour ses paysages fabuleux: le train traverse la forêt dense de l'est et, sur les flancs escarpés de la falaise, vous n'aurez pas assez d'yeux pour apprécier la luxuriance, la féérie de cette forêt d'émeraude egayée de plusieurs cascades..."

Comment résister?

"... Mais le voyage vaut aussi pour l'aventure que vous allez vivre: imaginez ce vieux train bringuebalant, peinant à tirer sa charge, le risque de panne est omniprésent et on ne sait pas trop quand on arrivera à destination...etc., ... un accident grave s'est déjà produit..."

Bon.

On n'est pas là pour jouer les mauviettes.
Et d'après ouï-dire, vu l'allure moyenne, on risque surtout d'arriver en retard.

Donc à 6 heures du matin, nous arrivons à la gare pour prendre les billets; elle est déjà bondée, puisque la panne a duré une semaine, et que le train sert surtout aux autochtones à transporter des marchandises, il faut combler le retard.



En attendant mon tour au guichet, j'ai la bonne idée de photographier le panneau mentionnant les arrêts et les distances d'ici à chaque gare et jusqu'à destination. Ces indications me seront bien utiles ensuite.



Le départ est donc prévu à 6h45, et l'arrivée vers 17h, donc environ 10 heures pour un parcours de 170 km. Forcément, il y a 17 gares, il faut se donner le temps!

Tout en admirant le paysage, je vais avoir le temps d'avancer dans ma lecture de Don Quichotte, qui va s'avérer de circonstances.

Il y a vraiment beaucoup de marchandises à charger et le départ va subir un léger différé.


Ici des paniers de bananes et des sacs de riz (ou de manioc), essentiellement.



Là, Gaëlle, bien chargée aussi et prête à monter à bord de ce train qui rappelle un peu les années 70.



La loco est sans doute encore plus ancienne




et n'effraie pas les voyageurs à pied qui, faute de pouvoir s'offrir le billet pour certains, vont parcourir, en la précédant sur la voie, leur propre trajet.
De toute façon, c'est pour tous une voie de passage balisée, qui ne longe pas la route très longtemps, donc un moyen d'accès unique à certains villages reculés.

Quelques centaines de mètres plus loin, nous traverserons la piste d'atterrissage de l'aéroport!

Donc, vers 8 heures, nous partons pour une traversée de la forêt sud-est digne de la description du guide.

Le passage quotidien (enfin, normalement!) du train est une distraction attendue et saluée





A chaque arrêt, parfois dans une gare, parfois ailleurs, des marchands de victuailles de toutes sortes se présentent, surgissant parfois on ne sait d'où.



Beaucoup, beaucoup d'enfants travaillent...



... dont certains vraiment jeunes! Et ils vendent ces beignets de bananes pour une misère, alors surtout, surtout, on ne marchande pas!!!!!!! (comme je l'ai vu faire)

Parfois la gare est au bout de la rue principale du village traversé.



Alors on a largement le temps de descendre pour aller visiter les étals de gingembre, herbes, poivre vert, faire quelques provisions



et des bananes, jamais vu autant de bananes de toute ma vie! On peut supposer que celles-là sont destinées à l'exportation:



On comprend mieux pourquoi elles n'ont pas le même goût à l'arrivée que celles cueillies mûres.



Vers 16 heures, nous arrivons à la gare de Mahabako. Je consulte la photo du tableau prise au départ, nous avons parcouru 65 km! Cool! Effectivement, on ne sait pas quand on arrivera...

Mais un peu plus loin, et pas dans une gare, le train s'arrête longtemps, vraiment longtemps. Et quelqu'un dit: "la loco nous a largués!". Donc on descend du train, incrédules, enfin, les français incrédules. Les malgaches eux, savent que c'est très possible.


Et effectivement, il n'y a plus de loco, on patiente en achetant des beignets aux enfants qui sortent de la brousse, puis on remonte dans le train et on s'épuise en conjectures diverses, quand un choc sourd nous signale que la loco est revenue, et on repart.

Là, je commence à me demander si je ne suis pas totalement inconsciente d'avoir emmené ma fille dans cette aventure. Une loco qui se décroche en pleine montagne..., je ne sais pas comment ça fonctionne, moi, un train, s'il y a des freins de secours... mais vu l'engin, je peux imaginer, et je ne m'en prive pas, tous les scénarios catastrophes du monde.

Surtout que vers 20 heures, la nuit est tombée depuis belle lurette, il fait nuit noire, et le train s'arrête de nouveau.

Longtemps.

Et quelqu'un dit (maintenant, je ne rigole plus, j'écoute les quelqu'uns): "Le deuxième wagon a déraillé".

Nouvelles conjectures.

On va voir. Effectivement, le train a déraillé. La loco et le premier wagon ne sont plus là.



Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une pensée émue pour les employés de la S.N.C.F., sommés de donner des explications et des solutions dans les plus brefs délais.

Là, rien. On ne peut que supposer que la loco et le premier wagon vont aller jusqu'à destination, vider les passagers, er revenir vide pour nous récupérer.

Il reste 60 km à parcourir. Si on lui donne 4 heures pour faire l'aller-retour, il devrait se passer un truc vers minuit.

Et si rien ne se passe avant l'aube?
60 km à pieds sur la voie, c'est long!

A combien de kilomètres est la route la plus proche? Impossible de le savoir, il n'y a pas de carte routière valide.

Attendre. Dans le noir. Je ne peux plus lire Don Quichotte. J'ai bien une mini lampe-torche, mais je l'économise, je ne l'utilise que pour me déplacer

Bien sûr, à minuit, rien.

Gaëlle et beaucoup d'autres sont descendus discuter dehors, chanter avec les malgaches du wagon d'à côté qui n'ont pas l'air affolés du tout et lui demandent de chanter aussi, avec ses copines, des chansons de chez nous, super ambiance!

Elle filme ce moment avec son téléphone portable, donc vu l'éclairage, cela vaut plus pour le son que pour l'image!

 

Ils s'éclairent à la bougie, ce qui fait paniquer les français, vu que les wagons sont plus que bondés, on a tous des bébés sur les genoux.

Moi je ne sors que peu de temps du wagon, histoire de rester à proximité de nos bagages s'il se passe quelque chose.

4 heures du matin, il fait froid, on est en montagne, je vais voir dehors ce qui ne se passe pas.



A l'avant du train, certains ont installé un petit brasero, et des villageois ont surgi des bois alentour, avec du riz, des petits pois, des poissons, tout ce petit monde s'est restauré et dort debout ou assis.



C'est à ce moment que j'entends, que tout le monde entend la loco revenir.

Repli galopant vers l'intérieur des wagons, récupération des sacs, changement de wagons avec chargements, bébés, et avec des comportements dans l'ensemble toujours courtois.

On aide les filles chargées à grimper (une marche de train sans quai, c'est haut!!!)


Et on s'empile dans les nouveaux wagons, enfin nouveaux... ;-S


Gaëlle est un peu fatiguée, oui, c'est elle, là, en bas à gauche.

Et on repart, pour arriver à destination à 8 heures du matin.

170 km en 24 heures! Record battu? Franchement, je ne sais pas.

Je suis soulagée, et je ne sais toujours pas dire, aujourd'hui, si j'embarquerais de nouveau un de mes enfants dans une telle histoire!

Revenons à des couleurs avec un autre accompagnement qu'on a eu du plaisir à trouver dès que des assiettes sont réapparues devant nous!

Les achards de légumes

IMGP3024.JPG
Comme le rougail pistaches, eux aussi se servent en accompagnement, mais aussi en salade. Il faut:
1/2 chou-fleur (certains utilisent du chou blanc)
3 carottes
200g de haricots verts
1 gros oignon
1 pouce de gingembre frais épluché et râpé
1 piment vert haché fin (facultatif)
3 c. à s. d'huile
3 c. à s.  de vinaigre
2 bonnes c. à c. de curcuma


Le travail le plus long consisite à effiler en julienne tous les légumes, pour obtenir ceci.
IMGP2983.JPG
Faites chauffer l'huile dans une grande sauteuse (qui devra contenir tous les légumes).

Mettez-y à revenir doucement l'oignon. Quand il devient transparent, ajoutez le curcuma et le gingembre, laissez-les légèrement frire et enrober l'oignon.

Ajoutez tous les lègumes et mélez bien le tout pendant deux minutes. Les légumes doivent rester croquants.

Versez alors le vinaigre (qu'on peut remplacer par du jus de citron), mélangez encore et arrêtez la cuisson.

IMGP3024-copie-1.JPG
Encore une fois, c'est d'une saveur bien plus délicate que la simplicité d'exécution ne le laisserait penser.

IMGP3021.JPG
On peut les conserver quelques jours au réfrigérateur, en bocaux.







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V
Merci , pour ces recettes et surtout pour le voyage en train que j'ai fait enfant en 1960 <br /> Que de souvenirs et de senteurs retrouvés!
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P
Super article,<br /> bravo, on vit également à travers les lignes tous les moments improbables de ce voyage en loco!<br /> Et en prime, une recette de achard de légumes.<br /> ;-)
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B
<br /> Peut-on les congeler?.Merci.<br />
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S
<br /> <br /> Non, je pense qu'ils y perdraient beaucoup, la congélation "cuirait" les légumes, et ils doivent rester croquants<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Pari-Bourges, c'est beaucoup moins exotique...<br />
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S
<br /> <br /> C'est vrai, mais sur le moment, j'ai un peu angoissé quand même ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> article passionnant, images très jolies - cela donne envie d'y aller ! merci encore pour ce moment de détente<br /> <br /> <br />
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C
Pas mieux sur les achards de légumes.Je passe.Et j'en reprends !
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F
Que de rebondissements!!! Alors, bon, moi, comment dire, je suis d'un naturel à positiver tout ce qui m'arrive alors là, pour moi, c'était extra comme moment...!! Pour reprendre l'expression de Nico, pote d'une nuit avec Roxane, "c'est trop classe!!".Voilà, c'est cette nuit là que j'ai été au plus proche des malgaches, des gens, de la vie quotidienne, j'ai vu cette organisation, le vrai système D, quand d'autres viennent ravitailler les voyageurs abandonnés avec un réchaud, du riz, des gateaux, de la bière, des cigarettes enfin bref, tout ce qui est utile. Et puis d'autres qui font un feu avec du bois sec alors qu'on est en plein milieu de la forêt la nuit et qu'il fait 5°... Qu'ils arrivent à pécher un poisson quand nous on ne sait même pas où il y a de l'eau, et puis on patiente en chantant, en écoutant des conversations dans une langue qu'on ne comprend pas mais qu'on comprend par les intonations de voix.Unis dans la galère, et je crois que c'est un de mes meilleurs souvenirs...
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V
Quelle aventure incroyable! Qui osera encore se plaindre d'1/2 heure de retard du TGV Paris-Bordeaux après ça??? :-) Le achard de légumes, quelle délice... Moi, pour une raison que j'ignore, je n'arrive pas tout à fait à recréer exactement la saveur de celui de ma de ma grand-mère... (le meilleur au monde, lol!). Je crois que c'est une question de casserole! :-)Sinon, j'aime bien mettre un peu d'ail aussi... et je coupe des tronçons de haricots verts plutôt qu'une julienne!!! (par pure flemme, oui, mais tout le monde n'a pas un sublime Bean Slicer comme toi!!!! :-))
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V
Pour une raison que j'ignore, je ne pouvais pas déposer de commentaires sur la dernière étape de ton aventure... alors j'ai pris l'avant-dernière. Je sais pas aussi bien que toi manier le verbe pour exprimer avec pudeur ces moments que je ressens chargés d'émotions. J'ai la faiblesse de penser qu'en te lisant j'en partage quelques unes et les mots me paraissent bien fades à côté des serrements de gorges, des frissons, des sourires et des sanglots contenus qui se succèdent et se mélangent tour à tour au rythme de ma décourverte de ton reportage.... Merci ma grande soeur.
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D
Quelle belle aventure et quel dépaysement de voyager à Madagascar. J'aime bien tous les billets que tu mets sur ce pays inconnu pour moi.Bonne soirée, Doria
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