16 Septembre 2011
Allez, un film, pour changer un peu, il n'y a pas que la cuisine dans la vie, non?
Et puis le publier au milieu de la nuit, ça me va bien, ce sont les moments où j'arrive à prendre ce temps-là, et j'en profite.
Cest l'affiche qui a attiré mon regard à la fin de l'été, Sean Penn maquillé, façon gothique sur le retour... Cela m'intrigue sans réellement susciter l'envie de courir au cinéma. Il faudrait en savoir plus.
Le synopsis?
"Cheyenne est une ancienne star du rock. A 50 ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New York. Il décide de poursuivre, à travers l'Amérique, la vengeance qui hantait son père."
On peut s'attendre au meilleur comme au pire, donc. La curiosité l'emporte, et puis surtout l'envie de voir un film de cinéma, après la déception de Tu seras mon fils. Pourtant recommandé par des personnes dont je partage souvent le regard, je m'y suis précipitée, mais je n'y peux rien, j'ai été déçue. Bien sûr, la balade dans les caves, les gens qui parlent bien du vin, tout cela me séduisait, mais l'ensemble manquait de finesse, les personnages étaient trop attendus, prévisibles. J'attendais beaucoup du jeu de Lorànt Deutsch qui m'avais époustouflée au théâtre et qui là encore a su donner une consistance surprenante à un personnage dont le manque de charisme fait la personnalité. Chapeau, donc, belle performance d'acteur. Mais tout cela manquait d'âme, de direction d'acteur, de subtilité.
Il y a Patrick Chesnais aussi qui crève l'écran,
soyons juste. Mais je pense que je vais vite oublier ce film.
Et donc, Sean Penn.
C'est vrai que son personnage de grand échalas maquillé, poudré, au rouge à lèvres flamboyant, déroute au début de film. Il intrigue et on a envie de savoir qui il est, juste un personnage burlesque? Non, c'est évident, mais aucune piste claire ne nous aide.
Il vit dans une immense demeure avec sa femme, jouée par Frances McDormand, superbe actrice dont les meilleurs rôles sont dans les films des frères Coen (Fargo, Burn After Reading). Elle est la femme de Joel Coen, c'était la chronique people.
Ils jouent ensemble à la pelote dans leur piscine qu'ils ont donc laissée vide. Elle le laisse gagner pour ménager sa virilité, puisqu'elle est pompier. Lui ne semble pas faire grand cas de cette virilité.
Et quand Desmond, un jeune homme qui vient dîner chez eux lui demande pourquoi il n'y a pas d'eau dans la piscine, son étonnement montre qu'il ne s'était jamais posé la question.
Burlesque? Naïf? Idiot? On ne sait pas encore. Il parle avec une voix de fausset, comme un adolescent qui n'aurait pas fini de muer.
D'autres personnages complètent le tableau, mais ils sont montrés par petites touches impressionnistes qui composent une toile, on ne saura jamais vraiment qui ils sont, des zones essentielles resteront dans l'ombre, mais juxtaposées, elle composent un ensemble juste, sensible, empreint d'une immense poésie.
Il part donc à la recherche de cet ancien nazi que son père avait passé sa vie à poursuivre, et cette quête va le mener à la rencontre de lui-même.
Rien de très original, certes, mais je ne saurais dire pourquoi plus objectivement, j'ai adoré ce film, sa petite musique qui va vous chercher là où vous rangez, profondément enfouies, les petites choses sensibles, une bande son riche et attachante, des reprises de Talking Heads, d'Iggy Pop...
Pendant son road trip à travers les Etats-Unis, il rencontre de multiples personnages qu'il intrigue, qui
le questionnent, il se dérobe toujours, en leur laissant en offrande des petites phrases qui sont comme des conclusions aux mini-événements qui ont jalonné sa vie et au travers desquels il a
vainement essayé de se construire une image d'homme, qu'il ne revendique pas d'ailleurs. Il sait qu'il n'a pas grandi, persuadé que son père ne l'aimait pas, incapable de croire que sa femme ne
puisse vivre sans lui...
Et la fin laisse plein de questions en suspens, comme j'aime... Ce film prend un peu de vous, et vous
laisse prendre en lui ce qui peut vous faire du bien, pourquoi s'en priver?