En ce moment (enfin je dis en ce moment...), je ne sais
pas vous mais moi, j'ai l'impression d'être une abeille dans une ruche, d'avoir mille choses à faire, sélectionnées parmi les douze mille prévues au départ, et avec les festivités noëlesques qui
approchent à grands pas ça ne va pas en s'arrangeant.
Or, au milieu de tout ça et grâce à Mary, j'ai enfin vu l'Expo! J'ai déjà parlé de Mary ici.
Elle n'est pas du genre à se laisser
impressionner par mon hyperactivité, elle en a vu d'autres.
Et elle a déjà visité deux fois la fameuse expo: Kiarostami-Erice au Centre Pompidou, m'a dit que c'était
magnifique, que cela me procurerait des émotions artistiques d'une rare intensité, et qu'elle voulait bien y retourner avec moi.
Comme Kiarostami et
Erice sont deux cinéastes, il s'agit d'une mise en scène de leurs réalisations diverses sous forme d'une correspondance par courts ou extraits de longs métrages autour de
différents thèmes.
J'avais déjà vu Le songe de la lumière de Victor Erice, et j'en étais ressortie éblouie.
Bon, il faut être contemplatif, ce n'est
pas un film d'action. On y voit le peintre Antonio Lopez tenter de saisir sur sa toile l'évolution d'un cognassier qu'il a planté dans son jardin. Et les saisons passent, les
fruits mûrissent, la lumière change, tous les repères sont mouvants, il tente de les fixer mais n'y parvient pas, et la toile reste inachevée. Ce sont tous ces moments fugitifs qui constituent
l'œuvre, finalement inaboutie.
Et samedi soir était projeté El Sur du même Victor Erice, pour la dernière fois dans le cadre de l'expo. Jamais projeté en France, introuvable en vidéo.
"Si tu ne le vois pas, tu le regretteras toute ta vie", m'a dit Mary, qui ne fait pas dans la demi-mesure.
La journée de samedi était déjà
blindée, mais comment résister?
Donc, à la tombée du jour, j’ai bravé le vent, la pluie battante (si vous avez vaguement approché
Paris samedi, vous voyez de quoi je parle), les bouchons et je n’ai pas regretté.
L’expo elle-même dure jusqu’au 7 janvier, donc il reste encore un peu de temps.
D’extrait en extrait, d’images en mises en scène, on traverse les univers des deux cinéastes. On découvre que Kiarostami est aussi photographe du temps qu’il tente d’arrêter, de fixer. On
traverse un décor de film où l’on se retrouve soudain au milieu d’une forêt d’arbres et de soi réfléchis à l’infini par les miroirs qui (ne) délimitent (pas) l’espace.
Un moment hors
temps (ce qui n'était pas dommage d'un point de vue météorologique), et à la fois de retrouvailles de soi à travers des vidéos qui célèbrent l’enfantement, le souvenir, la découverte du cinéma et
de son rapport au monde, à la vie.
Et pour finir, El Sur. C’est intense, beaucoup moins contemplatif que Le Songe de
la Lumière, avec des personnages qui vivent, bougent, s’expriment… en V.O. sous titré en anglais… Alors j’ai fait appel à de vieux restes scolaires des deux langues et pour le reste je me suis
laissée porter, la magie du cinéma a fait le reste.
C’est la rencontre d’un père et de sa fille qui, en grandissant, le découvre, elle perd l’innocence
du regard d’enfant qui le magnifiait et le découvre en tant qu’homme, avec ses faiblesses, qu’il avoue, sans les mots. Magnifique !
Tout cela donne le
goût des choses essentielles, faire du pain par exemple.
J’avais essayé les baguettes semi-complètes aux noix de Minouchka, miammm avec de la
confiture d’abricots de cet été.
Et puis là, un pain aux céréales, découvert sur le blog de Sandra, correspondait
tout à fait à ce que je venais de voir. La nécessité de se laisser du temps, de lui permettre de faire son œuvre, prévoir les choses, les laisser prendre forme.
Je vous livre la recette de Sandra, telle que
je l'ai utilisée, mais je pense que la prochaine fois, je diviserai les proportions par deux, ce sera plus raisonnable. Mon robot a eu un peu de mal et s'est retrouvé un peu englué de pâte, et ça
faisait vraiment beaucoup de pain à manger, même beau et bon!
Pain aux céréales
Pour la poolish
400 g d'eau
200 g de farine T65
1/4 de c. à c. de levure sèche ou 2 g de levure de boulanger
fraîche
60g de graines de sésame
40g de graines de pavot
80g de graines de tournesol
40g de graines de lin (j'ai mis du doré, la recette préconise du
brun)
Pour la pâte
800g de farine T65
2 + 1/4 c. à c. de levure sèche ou 10 g de levure de boulanger
fraîche
20 g de sel
400 g d'eau froide
Pour la déco: des flocons d'avoine
Poolish (à préparer la
veille) :
Etaler les graines sur une plaque
à pâtisserie et mettez-les à torréfier au four 10 à 15 mn à 150°. Laissez-les refroidir.
Dans un saladier, mélanger la
farine avec la levure sèche et l'ensemble des graines. Ajouter l'eau (si de la levure fraîche est utilisée, elle sera au préalable délayée dans une partie de cette eau) et mélanger avec une
cuillère en bois jusqu'à obtenir une pâte assez liquide type pâte à crêpes. Couvrir avec du film alimentaire et laisser fermenter à température ambiante pendant 12 heures.
Préparation de la
Pâte
Au robot pétrisseur ou dans la
cuve de la MAP, mettez tous les ingrédients de la pâte et de la poolish et pétrissez 10 à 15 min.
Mettez la pâte en boule dans un
grand saladier, couvrez avec un torchon propre et laissez lever 1h30.
Pressez la surface de la pâte
levée pour la faire dégonfler puis verse-la sur le plan de travail légèrement fariné. La replier 2 ou 3 fois sur elle-même et la peser. Diviser en 6 morceaux de même poids (environ 340g chacun)
avec un coupe-pâte ou à défaut un couteau lisse pour ne pas déchirer le réseau de gluten. Donner aux pâtons une forme grossière de boule sans trop serrer, les couvrir avec un torchon et les laisser
détendre 15 min.
Façonner chaque pâton en boule
régulière, humidifiez la surface en le posant sur une feuille de papier absorbant mouillé, puis passez-le dans les flocons d’avoine.
Disposez les pâtons sur deux
plaques de cuisson recouvertes de papier sulfurisé, laissez lever 1 h 30.
Mettez le four à préchauffer à
240° en mettant un récipient rempli d’eau dans le four pour créer une atmosphère humide.
Incisez les pains en croix sur le
dessus et enfournez pour 40 mn en baissant la température à 210° après 5 mn de cuisson.
Laissez refroidir sur une
grille.
Ils étaient dorés et croustillants, et les petites graines
différentes le rendent moelleux et vraiment agréable à déguster de différentes manières, au petit déjeuner avec de la confiture, ou avec du fromage, délicieux, quoi !