6 Mai 2011
C'est le titre de ce petit livre dont j'ai découvert l'auteur avec jubilation.
Il m'a été offert par une amie avec laquelle nous partageons de nombreux plaisirs littéraires, et elle était tout étonnée que je ne connaisse pas Vila-Matas. Depuis que je l'ai lu, je me demande aussi pourquoi, et surtout je me dis que je vais me procurer tout ce que je n'ai pas lu assez rapidement!
Comment décrire ce petit roman? La trame paraît simple au début: 24 heures de la vie d'un écrivain qui doit donner une conférence le soir. le narrateur nous fait passer la journée avec lui et il nous emmène dans les méandres de ses réflexions sur ce que sera le texte de cette conférence, compte-tenu de la présence annoncée de sa maîtresse, qui est aussi la soeur de sa femme. La maîtresse semble volcanique et lui pose un ultimatum: il devra choisir le soir même entre elle et sa soeur, plus conventionnelle, mais sécurisante pour l'écrivain, ou elle le quitte définitivment.
Toute la journée va s'articuler autour de l'impression qu'il va chercher à donner à cette femme pour qu'elle change d'avis.
Et nous allons vivre chaque moment de la journée, son constat que son fils est moins bizarre que d'habitude ce matin-là, ce qui pour lui n'augure rien de bon, sa visite chez le coiffeur qu'il veut faire entrer dans son prochain roman où il relatera la vie de ses voisins qu'il passe son temps à espionner... Ce coiffeur s'avère fort différent de l'homme abattu par la douleur qu'il imaginait, se révèle avoir des opinions fascistes insupportables et le rendez-vous se termine en bagarre sur le trottoir.
Les raisons pour lesquelles son père mesurait la distance entre les pharmacies avec un mètre qu'il dépliait inlassablement sur les trottoirs de Barcelone, le secret partagé avec lui et caché à sa mère du jour où son père avait cessé de croire en Dieu, la rencontre avec un espion qui lui ressemble comme un frère jumeau, lui qui estime que tout le monde ne fait qu'espionner, qu'on s'espionne même soi-même...
De multiples minuscules moments qui pourraient donner l'impression de partir dans tous les sens, mais en fait, la trame du roman est rigoureuse, ce qui fait qu'on se laisse emporter dans l'absurde de situations hilarantes, mais sans jamais s'y perdre.
Un très bon moment, et un plaisir littéraire, que j'ai envie de partager, et de renouveler. J'ai donc commencé Paris ne finit jamais, roman plutôt autobiographique, où il raconte son arrivée à Paris, la chambre qu'il louait à Marguerite duras et son obstination à se faire passer pour un sosie d'Hemingway, ce qui laisse tout le monde perplexe.
Et vous, vous avez déjà lu Vila-Matas?