1 Février 2014
Ce week-end à l'atmosphère glaciale et à l'humidité pénétrante est idéal pour vous proposer une sortie dans un lieu fantomatique et grandiose. Si, si, couvrez-vous bien et suivez-moi!
Dans le domaine de Versailles, face au château se dressent les Ecuries du Roi, construites au XVIIème siècle sous la direction de Mansart.
La grande écurie abritait autrefois les chevaux du roi, ceux destinés à être montés, alors que la petite, en réalité plus grande par sa taille, était réservée aux attelages, carrosses et montures ordinaires.
Aujourd'hui, la grande écurie accueille l'académie du spectacle équestre de Bartabas, le musée des carrosses et les archives municipales.
Dans la petite écurie, celle où je vous emmène aujourd'hui, ont été réunies des centaines de sculptures, créant une atmosphère propice à des rêveries peuplées de voyageurs du temps.
Entrons.
Une statue géante nous accueille à l'entrée d'un bâtiment magnifiquemet restauré.
On hésite à aller plus loin, saisi par la majesté du lieu.
Nous entrons d'abord en contact, par la magie des mots de Alexandre Maral, conservateur des statues du Parc de Versailles, avec des groupes de statues en marbre de Carare qui peuplaient les jardins, mais victimes des intempéries, et du temps qui passe, elles ont souffert de cette exposition.
Ici, ce groupe de 7 statues, Apollon servi par les nymphes, de François Girardon, précédemment exposé dans le Bosquet des bains d'Apollon.
Les chocs thermiques provoqués par les jets d'eau par grosses chaleurs ont donné lieu au "faïençage", un réseau de fissuration irréversible.
Quand on constate la finesse du travail de sculpture, des drapés par exemple, on comprend l'urgence de la préservation.
Vous ne vous attendez pas à voir l'eau s'écouler de ce linge tordu pas une nymphe?
Ces Chevaux du Soleil, des frères Marsy, font partie des trois goupes commandés par Louis XIV en 1666 pour orner les niches de la grotte de Thétys.
De retour à l'écurie, ces chevaux s'ébrouent joyeusement, dans un hennissement muet et figé.
C'est lors de la destruction de la grotte de Thétys que ces trois groupes ont été transférés dans les jardins d'Apollon.
Aujourd'hui ce sont des copies crées dans les ateliers qui remplacent les originaux. Cela est indiqué sur place, mais les copies, faites de résine et de poudre de marbre, sont extrêmement fidèles aux originaux et même un oeil de spécialiste décèlerait difficilement le remplacement.
Elles ont donc été mises à l'abri, mais pour que le public n'en soit pas privé, on peut donc maintenant les admirer ici.
Dans les ailes attenantes se trouve la gypsothèque, une réserve de moulages de plâtre de statues antiques, destinées à réaliser des copies. Enracinée dans le XVIème siècle, cette tradition s'est épanouie au XVIIème sous le règne de Louis XIV. A la suite de campagnes de restauration du Musée du Louvre, un reliquat de ces moulages est aujourd'hui conservé ici, provenant de la salle des Antiques du Louvre ou de l'académie royale de peinture et de sculpture.
De ces palettes posées à même le sol, ce sont des siècles d'art et de représentations qui nous observent.
Nous avons eu la chance d'entrer dans l'atelier de restauration et d'observer le travail menant à la copie.
Sur les quelque 400 statues qui ornent les jardins, 160 doivent être restaurées, copiées, mises à l'abri. Aujourd'hui, une vingtaine de copies sont en place dans les jardins et 40 sont en cours ou en projet de copies. Les autres attendent des mécènes qui permettront de commencer le travail.
Si vous avez de l'argent à investir, voilà une belle cause!
La statue originale est donc mise à l’abri puis restaurée (nettoyage, comblement des fissures, reprises structurelles et restitutions de parties manquantes si nécessaire).
On réalise une empreinte en la couvrant de plusieurs couches d'élastomère qu'on laisse sécher dix jours afin de réaliser le moule.
Ici, l'allégorie de la fourberie, symbolisée par le renard et le masque.
Les lignes de découpe, précises afin de créer une copie fidèle au millimètre près.
Ce moule est ensuite transféré chez le mouleur qui réalise la copie, puis cette copie est mise en place dans les jardins.
En attente de restauration
Des animaux en plomb sont aussi de passage, ils illustrent les fables d'Esope dans le labyrinthe...
Je suis sûre que vous mourez d'envie de découvrir tout cela!
C'est l'occasion, la première ouverture au public aura lieu demain, dimanche 2 février, de 10 h à 17 h!
Tous les renseignements sur ce lien.
Courez-y, vous en sortirez émerveillés!
Merci encore à Diane et Mathilde de nous retrouver depuis trois ans maintenant autour de ces visites que nous attendons toujours avec impatience!