19 Avril 2012
Voilà déjà quelques semaines, Versailles Intime nous a de nouveau accueillis (rappelez-vous, les jardins du Petit Trianon, l'an dernier) pour une découverte de ses charmes secrets, ceux qui échappent à une visite traditionnelle.
Pour la deuxième fois, je suis tombée sous le charme de ces couloirs cachés, de ces recoins encore hantés par les visiteurs des siècles passés.
Notre visite était guidée par Jean-Paul Gousset, le directeur artistique de l'Opéra qui nous a emportés dans le tourbillon de son érudition et de son humour, le gardien du temple! Tout au long des dédales qu'il s'amusait visiblement à nous faire parcourir, son amour des lieux était constamment présent, tel un combat qu'il mène pour préserver leur authenticité, pour les défendre contre les tentatives de normalisation qui en menaceraient la conception première, vraiment passionnant.
Nous nous sommes donc retrouvés dans une atmosphère froide et humide,
avec la hâte d'entrer se mettre à l'abri, lorsque Jean-Paul Gousset nous a demandés si cela nous plairait d'entrer par des lieux inhabituels, secrets, fous... Evidemment, bien sûr!!! Cela promettait d'être encore une fois magique!
Nous sommes donc montés dans les greniers sans électricité où sont conservées des oeuvres jamais visitées. Les volets ont été ouverts exprès pour nous, faisant émerger de la pénombre de délicats portraits
nous l'avons ensuite suivi le long de couloirs obscurs,
d'escaliers aux proportions scientifiquement étudiées pour s'autoporter, ce qui donne à celui-ci une allure particulièrement
majestueuse,
chaque palier soutenant les précédents (si j'ai bien compris
;-)).
Arrivés tout
là-haut, les portes se sont ouvertes, devant nos mines ébahies, sur... la charpente! Tout en bois, la conception historique étant préservée contre vents et marées, Jean-Paul Gousset s'évertuant
avec persuasion à démontrer qu'elle présente toutes les garanties de sécurité voulues, préservées en traversant le temps.
Je ne vous détaillerai pas techniquement les systèmes de portance de ces poutres monumentales mais l'oeuvre reste impressionnante, même pour nous, profanes.
Jean-Paul Gousset nous explique ici comment sont organisées les forces portantes des poutres pour qu'elles puissent soutenir un toit sans colonnes qui, sinon, passeraient au milieu de la salle de l'Opéra située dessous, obstruant la vue sur la scène.
Ces machineries qui m'intriguent sont les treuils des lustres!
Puis nous redescendons, traversant les loges
qui ont été quasiment de petites habitations de princes au sein de l'Opéra, et ont pris peu à peu des airs de locaux
techniques,
pour entrer, admirez! dans la salle de spectacle elle-même.
La salle peut se transformer, elle a été conçue au départ pour recevoir trois types de manifestation: des banquets, la partie salle est
alors surélevée, des bals ou, bien évidemment, des spectacles. Il existe d'ailleurs une programmation annuelle en ces lieux, ce doit être magnifique! Nous avons tout loisir de lever le nez pour
découvrir les plafonds, profitons-en!
nous traversons en sortant la loge du roi
pour aller admirer la salle vue de la scène, un point de vue inhabituel et insolite pour les spectateurs que nous sommes habituellement.
Avec humour, les visiteurs qui sont dans la salle nous applaudissent, c'est à la fois drôle et cela laisse imaginer le pincement au coeur que doivent ressentir les acteurs, les vrais, à leur entrée sur cette scène grandiose.
Mais de ce côte, nous avons vue aussi sur les coulisses, les escaliers techniques
que nous empruntons, pour descendre, incrédules
sur trois étages de machineries en sous-sol
qui permettent la mise en place des décors
trois niveaux de poulies, de roues énormes qui doivent tracter de riches draperies...
Cela se passe de commentaires, non? J'en suis presque muette, tous les fantômes sont là, nous frôlant de leurs costumes aux étoffes lourdes, richement travaillées.
Retrouver l'air libre, dire au revoir à Jean-Paul Gousset qui court déjà retrouver un autre groupe, c'est un peu accepter que cet instant magique ait une fin.
On laisse Versailles derrière nous, la nuit est tombée, on espère y revenir très bientôt.