La région de Manakara offre peu de sites remarquables ou incontournables, pas de réserve de lémuriens ou de caméléons, pas de distraction préformatées, ce qui offre le loisir de se laisser
distraire par le cours de la vie, tout simplement, après les voyages trépidants des jours précédents.
Alors si vous en avez envie, je vous propose une journée tranquille et dont le souvenir me réjouit encore, des moments précieux, à garder.
Petite halte devant la gendarmerie nationale de Manakara, les nôtres ne sont pas toujours aussi accueillantes...
Nous attendons Jean-Felix, le piroguier que Jacques nous a conseillé pour faire un tour sur le Canal des Pangalanes.
Ce canal était autrefois une série de lagons séparés de la mer par des dunes. La mer étant assez agitée, les lagons étaient utilisés par les pêcheurs et les commerçants pour le transport de
marchandises. Mais ils étaient séparés les uns des autres par des bancs de sable. Les usagers devaient donc débarquer les marchandises sur chaque banc de terre pour les remettre sur une autre
pirogue ensuite, etc. Fastidieux, épuisant, sûrement.
L'administration française décida donc, pour faciliter les échanges, mais aussi pour mieux les contrôler, de créer une voie de communication longue de 650km en faisant creuser pour supprimer ces
bancs de sable. Mais ces lagons étainent infestés de moustiques, crocodiles et autres bestioles qui décimèrent, en plus de la dureté de la tâche, les 4000 coolies (chinois réputés pour leur
robustesse) que Galliéni avait fait venir pour ce "travail".
Aujourd'hui, des cimetières chinois existent encore au bord du canal, et les descendants des survivants sont devenus d'habiles commerçants. Quand j'étais petite, on ne disait pas "aller chez
l'épicier" mais "aller chez le chinois", et c'est toujours comme ça, y compris dans les autres îles alentour.
Le Canal n'est plus praticable sur la totalité de son parcours aujourd'hui, certains endroits se sont rebouchés, alors on peut y faire quelques tours en pirogue, à la découverte de villages de
pêcheurs, de paysages incroyables.
Départ, vers 10 heures du matin, soleil déjà haut.
On longe des villages de pêcheurs,
Je m'arrête un instant sur cette photo que j'aime particulièrement et je la dédie à Anne pour son nouveau jeu qui anime la blogosphère!
Petite halte dans un des villages, où tout le monde est au travail
Les femmes trient les poissons du retour de pêche
d'autres lavent le linge
Les enfants les accompagnent, toujours, partout
Les hommes révisent les filets
Quand des requins de bonne taille ont été capturées, leurs mâchoires ornent la case du chef.
Les petits enfants, ici aussi, posent pour qu'on les prenne en photo, et, à l'ère du numérique sont ravis de se voir immédiatement sur le petit écran. Curieusement, ils nous demandent beaucoup
moins qu'avant de leur envoyer les photos ensuite. La satisfaction du désir immédiat gagne-t-elle?
Sur la plage, les pirogues attendent la prochaine sortie.
On repart pour une visite d'un jardin d'herbes médicinales, d'une distillerie d'essences de niaouli, d'eucalyptus, on découvre des plantes carnivores, et Jean-Felix nous explique pourquoi l'arbre
du voyageur se nomme ainsi (tu avais raison, Patrick!): le voyageur en brousse assoiffé peut s'y abreuver en incisant l'attache des feuilles qui a formé
une réserve d'eau de pluie.
Arbres vraiment précieux donc, puisque son bois et ses feuilles servent aussi, et essentiellement, à construire toutes les maisons traditionnelles de cette région.
Et on termine par la plantation de vanille.
Oui, la vanille, sur pieds, ça ressemble à d'énormes haricots verts et ça ne sent rien. C'est après avoir séché au soleil qu'elle acquiert les qualités qu'on lui connaît.
Et pourquoi ça coûte si cher, je vous entends me demander!
Et bien parce que c'est une plante qui est originaire du Mexique et que là-bas, elle est pollinisée par des insectes qui n'ont pas survécu au déracinement, eux. Et la pollinisation se fait donc à
la main, gros travail!
On en a appris des trucs aujourd'hui! On a bien mérité un rougail pistches, qui se sert en accompagnement, et se fait avec des cacahuètes, qu'on appelle pistache ici. Je ne sais pas pourquoi.
Rougail pistaches
Super simple à faire, et délicieux.
Ecrasez au mortier 100 g de cacahuètes.
Hachez 3 tomates, 1 oignon et un petit piment (très finement, le piment). Là, j'ai un peu honte parce que j'aurais pu piler davantage, il y avait encore des
morceaux. On peut le faire avec de la Dakatine pour gagner du temps mais c'est beaucoup plus gras.
Mélangez le tout, salez et servez par exemple avec le poulet au combava
J'ai trouvé aussi une recette de pintade au combava ici, testée, et appréciée. En plus
ce site, Goutanou, est très bien fait, fourmille d'idées et oeuvre pour la promotion de la cuisine réunionnaise! Plein de
raisons pour aller y faire un tour!
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Chez moi aussi on appelle les cacahuètes des pistaches, va savoir... <br />
J'adore avec du riz cantonais ou alors en sandwich (baguette) avec du jambon. <br />
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en même temps, chez toi, c'est pas très loin de chez moi ;-)))<br />
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Je vais essayer en sandwich, so light!<br />
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F
Fille
18/09/2007 17:52
Je me souviens que les deux gosses ont joué à m'enterrer les pieds dans le sable, moment d'échange et de rigolade en attendant de manger. Ces petits moments avec les jeunes malgaches sont pleins de joie de vivre et d'amusement, il suffit que je tire la langue pour qu'ils éclatent de rire.Ce voyage en pirogue m'a beaucoup plu, il nous a conduit dans des endroits hors norme et pas accessibles autrement.Le folklore? Les traditions? Moi je vois tout ça comme un échange, un partage et une grande force de résistance à la main mise occidentale. Bref, j'adore quoi...!
Je suis ravie de découvrir ton blog, qui sait si bien établir des liens entre la cuisine et d'autres aspects de la vie, et la façon de la prendre. Merci pour ce voyage dépaysant et ces photos qui ont l'immense avantage de ne pas ressembler à celles d'un déplaint touristique.
Ce compliment me fait très plaisir, parce quil n'est pas évident de ne pas tomber dans la carte postale, et ce pays mérite vraiment à être connu autrement! Merci!
G
Gracianne
27/08/2007 08:28
Coucou Pascale, desolee de mon absence ces derniers temps, j'avais manque ce billet, cette promenade lente, ces beaux visages d'enfnats et surtout ce rougail pistache tout a fait attirant. Je vais aller jeter un coup d'oeil chez Goutanou, je suis une fan de la cuisine des iles.
Tu devrais y trouver ton bonheur!C'est vrai que cette visite est lente et j'espère ne pas lasser en la racontant ainsi, mais c'est vraiment l'image de la réalité!
R
Ranjiva
25/08/2007 16:03
J'étais très contente d'avoir découvert ton blog, à force de surfer on tombe sur quelque chose de connu. C'est vraiment une bonne idée de lier le pays à ses recettes.
Merci de ton passage, qui m'a permis de découvrir ton blog, ses couleurs me donnent envie d'y revenir!
M
mercotte
25/08/2007 04:12
Je vois qu'en plus de la vanille tu as apprécié le cumbava , c'est là que je l'ai découvert dans les sambos il y a bien longtemps et heureusement que maintenant on en trouve facilement car j'adore tout simplement !Merci pour ce reportage très intéressant !
Bonne journée à toi, et à bientôt pour la suite, ce pays est plein de ressources!
A
Anne (Papilles et Pupilles)
24/08/2007 01:13
Merci beaucoup pour cette belle balade dans Madagascar. Je pensais que la vanille était plus haute. Les photos sont très belles. J'en ai pris plusieurs ;) A bientôt