Belle découverte, ce petit livre (60 pages). Charles Juliet décide d'écrire une lettre à Cézanne. "En principe, on n'écrit pas à quelqu'un qui n'est plus de ce monde", dit-il, mais pour lui, Cézanne est bien vivant. Evidemment il a lu beaucoup d'études consacrées à sa peinture, il connaît bien l'oeuvre, chaque tableau.
Mais surtout, il a vécu longtemps à Aix-en-Provence, connaît les paysages et découvre que ses pas ont du croiser ceux de Cézanne. Alors il revisite sa peinture en essayant de la relire à travers les sensations éprouvées et sa manière de les traduire. C'est très beau, évidemment, c'est Charles Juliet.
Un extrait (j'en ai déjà mis un dans les citations <---, je le remets aussi après):
"En peignant, en écrivant, la pensée s'échappe. Elle erre, elle vague, parcourt en un éclair d'infinies distances, se heurte à d'insondables énigmes, est prise de frayeur, de vertige, ou bien, épuisée, achève son périple en un état proche de l'hébétude. Notre humaine aussi bien qu'inhumaine condition ne nous laisse aucun répit, de sorte que tout être se trouve aux prises avec l'étrange murmure: Qui es-tu? Que fais-tu de ta vie? Comment te comportes-tu? Pourquoi te laisser entraver par la peur? Pourquoi t'empêches-tu de vivre? Abats les murs derrière lesquels tu te blottis. Et avance. Avance. Crée toi-même la lumière dont tu as besoin."
"Peindre, écrire, ce n'est rien d'autre que partir à la découverte de soi, tout en convertissant en toiles ou en poèmes ce que recèle la nuit intérieure."