Bamako, Mali.
Au coeur de cette grande ville, dans une cour qui dessert les maisons de plusieurs familles, un tribunal s'installe, où la société civile africaine met en accusation la banque mondiale et le FMI, qu'elle juge responsables de l'appauvrissement progressif de l'Afrique et de la misère dans laquelle elle est maintenue.
Plusieurs témoignages, dont celui d'un jeune homme qui a tenté de rejoindre l'Algérie, s'est fait refouler, a marché 7 nuits sans nourriture, et a vu mourir ses compagnons avant de revenir au village..., un paysan qui chante sa détresse, de ne pas voir pousser ce qu'il sème ou de ne pas pouvoir manger ce qu'il récolte..., le désespoir qui se mue en indifférence face à la vie qui s'écoule sans eux. Des plaidoiries, des interventions d'experts, dont Maïmouna Traoré, sociologue, ancienne ministre de la culture du Mali, contredite par un avocat qui tourne en dérision son savoir... chez une femme, forcément, et noire en plus...
Le procès est entrecoupé des scènes, paraboles de la vie africaine, où on voit les gens évoluer dans leur vie quotidienne, mourir de maladies qui en occident seraient soignées, avec des médicaments qu'eux ne peuvent s'offrir. Et d'autres moments moins dramatiques, mais toujours empreints de mélancolie. On est très loin des images de l'Afrique gaie des cartes postales, ça ressemble au cinéma de Sembene Ousmane.
Donc un film utile et beau, et qui permet de mieux connaître cette réalité que nous frôlons sans vraiment nous y arrêter, d'arrêter d'avaler les couleuvres de la remise de la dette par le G8, etc. Instructif, en plus.
J'y ai emmené toute la bande de djeuns qui étaient contents d'être venus et chez qui ça a suscité plein de questions. Super, des tas de discussions en perspective.
Eh, Elisabeth ça passe à Utopia ;)