10 Juin 2011
Une journée de printemps exceptionnellement ensoleillée, et qui promettait d’être indolente, peut-être paresseuse, et puis un coup de
téléphone, et une proposition inattendue… une invitation à aller visiter les jardins du Petit Trianon, à Versailles, en compagnie d’un petit groupe que guiderait Alain Baraton, le jardinier en chef des
jardins…
Voilà de quoi remettre mes sens en éveil, imaginer les lieux, et me dire que… mais oui, bien sûr ! C’est très exactement ce que
j’attendais pour donner à ce samedi la touche poétique qui lui manquait.
Début de la visite à 16 heures, j’entre dans cet univers dans un esprit de découverte totale, je n’ai jamais mis les pieds à Versailles
autrement que pour les visites familiales ou scolaires du château. Là, c’est une entrée différente, toute en délicatesse, les espaces réservés à la reine. Nous sommes accueillis au Petit
Trianon.
Alain Baraton nous expliquera que tout ce parc et les pavillons qui l’habitent ont été conçus pour évoquer la féminité.
Devant le salon de musique, les parterres de fleurs sont étonnamment composés de manière dynamique et écologique, dans une logique
extrêmement moderne: chaque plant de fleurs est enterré avec son pot, ce qui économise l’eau d’arrosage et permet de changer en une nuit l’apparence du lieu.
Si la Reine décidait que tout le jardin devait être couvert de fleurs blanches, il suffisait de déterrer les pots et de les remplacer
par ceux du désir du moment, fut-il fugace.
Mieux valait en avoir en réserve un certain échantillonnage de variétés pour le satisfaire au mieux !
Les anecdotes fusent, plus que vivantes, se suivent et ne se ressemblent pas.
Les oignons de tulipe valaient au XVIIIème siècle des sommes colossales, ce qui a permis à certains marchands de faire fortune en les
important mais, quelques petits malins ayant trouvé le moyen de les multiplier, la bulle financière a éclaté et provoqué la ruine des premiers. Autre temps, mœurs comparables…
C’est dans cette Chapelle toute en finesse que Marie-Antoinette aurait passé ses derniers moments avant la fuite à Varennes, et dans ce
Pavillon Français, non moins raffiné que Louis XV accueillait les jeunes femmes qui recevaient ses faveurs.
On y accédait par un souterrain qui venait du Grand Trianon, tout proche. Alain Baraton nous fait remarquer la décoration du goût du
roi,
que l’on disait passionné par les animaux de la ferme.
La ballade se poursuit au travers d’allées à la végétation, en apparence,
beaucoup moins ordonnée que les jardins tirés au cordeau,
Nous traversons, la grotte de Marie-Antoinette
dissimulée dans les frondaisons,
qui nous laisse imaginer les histoires non officielles à la cour, dont Alain Baraton nous raconte certains épisodes avec érudition et
malice.
Il nous promène, trousseau de clés à la main,
autour des glacières grâce auxquelles la cour supportait les canicules (oui, même à cette époque….),
enrichit notre culture (du moins la mienne) du mot sphinge qui désigne un sphinx féminin.
Puisque cet univers est celui de la reine, tout y est féminisé.
Et puis, après des jardins variés, dont on ne se lasse pas d’admirer la diversité d’architecture,
les arbres incroyables,
les arcades qui bientôt se couvriront de roses,
nous sommes accueillis autour d’un pique-nique, une grande nappe blanche déposée sur l’herbe,
et des produits du potager du roi à profusion, légumes, jus de fruits, délicatement préparés et présentés
Petites discussions autour des dégustations,
et chacun repart avec un petit souvenir odorant.
En repartant, je traverse seule ces endroits chargés d’histoire, avec en tête les petites et la grande histoire dont notre guide nous a
imprégnés, l’imagination vagabonde, je ne suis plus seule mais entourée de ces fantômes d’autres âges,
toutes époques confondues…
Mon sens de l’orientation catastrophique me perd dans les allées et pour une fois, j’en suis assez heureuse
je suis éblouie
je vais où mes pas me portent
vers des lieux grandioses,
que je quitte à regrets.
Merci à Diane et aux organisatrices charmantes et efficaces de cette après-midi, et à l’emploi du temps chargé de Dorian qui m’a permis d’y participer.