Nicolas Rouxel, visiteur du temps

L'autre jour, je vous ai proposé deux recette de cheese-cakes, que j'avais photographiés sur un fond composé des oeuvres de Nicolas Rouxel, qui me touchent particulièrement.

Voilà donc un petit voyage guidé d'une d'entre elles, si la balade vous tente...

Cet artiste compose des installations en utilisant des matériaux destinés au rebut, à l'oubli. il leur redonne vie, les assemble en des figurations parfois monumentales, puis les fait emménager dans des lieux eux aussi oubliés, mis à l'écart: d'anciennes routes, des coins de forêt où plus personne ne se rend, les recoins d'un parc, aux limites des murs d'enceinte, auprès desquels les visiteurs ne s'aventurent pas.

Il les pose là, les abrite autant que cela est possible, gisants ou figures de proue, très loin de chez lui ou à proximité. Et périodiquement, il revient les visiter, les observer, voir le temps les modifier, les faire vivre, ou mourir. Parfois ces oeuvres disparaissent, elles auront été éphémères, mais sans que cela ait été décidé ainsi, de quelle volonté s'agit-il là?

Nicolas Rouxel les photographie aussi, cela fait partie de l'oeuvre, ces images sont retravaillées, élevées à un autre rang, à une autre existence.

L'autre jour, nous l'avons aidé à déplacer une de ses installations, composée de cagettes qui lui avaient été offertes. Il fallait les changer de place au sein du Parc Culturel de Rentilly (77) qui les abritait.

Nous sommes arrivés à proximité de l'oeuvre, elle s'est offferte à nous au bout d'un chemin.

S'en approcher suscite une émotion, comme une nostalgie,

Avant de la démonter, je me suis promenée dans le dédale qui la constitue

du papier journal teint et tissé, maintenait les cagettes entre elles, donnant à l'ensemble une armature à la fois unifiée et plurielle

de grands à-plats azuréens près du sol créaient un lien entre ici et ailleurs, là-haut peut-être...

Ce puits carré composé de bois et de papier journal soigneusement superposé pouvait abriter des insectes, de petits animaux qui avaient très probablement investi ces lieux comme des tanières improbables, inespérées.

Des gisants aux reliques attachées étaient arrivés ici, repartiraient ailleurs, on voyait qu'ils avaient déjà beaucoup voyagé, et voyageraient encore.

Avaient-ils souffert?

Qui les avait visités, bien ou mal intentionné, en approchant par ici, venant d'où?

La végétation les avait adoptés, s'y était installée.

Et aujourd'hui, nous allions aider Nicolas à leur redonner vie, ailleurs, sous une forme revisitée... autour de ce bassin de Diane, bassin sans eau, lui aussi délaissé?

Après une journée de travail, une ébauche naissait.

Des nouvelles bientôt, beaucoup de travail restait à faire ce soir-là...

... un vrai bonheur en perspective!