6 Juin 2012
Il y a déjà quelques semaines, (j'ai un retard fou dans mes publications mais je voulais vraiment vous faire partager ce moment particulièrement riche et subtil), j'ai eu le bonheur d'être invitée à une dégustation de vins d'Alsace, accompagnée de mets choisis pour les magnifier, et le tout dans un décor parisien de plus raffinés.
Voilà un bon moment que j'ai envie de vous parler de vins sur ce blog, mais je n'ose pas, timidité de ne pas avoir le vocabulaire consacré, pas les références suffisantes... et puis après tout, je vais oser. Avec mes mots, ce qui me fait plaisir dans ces découvertes... Finalement, comme me l'a fait remarquer Stéphanie, qui en parle si bien, si on ne se fait pas plaisir en écrivant son blog, à quoi ça sert? Sagesse, que je m'empresse d'appliquer.
Je me lance donc, en espérant que vous partagerez ces petits moments intenses et subtils, doux et pleins de partage, de convivialité, d'échanges, des moments précieux.
Alors pour commencer, savez-vous que l'Alsace est la seule région de France où les appellations des vins correspondent au nom du cépage qui en est à l'origine?
Le Gewurztraminer, le Riesling, le Pinot gris, le Sylvaner... tous ces noms qui chantent à vos oreilles, sont des cépages (des variétés de raisin, donc).
Les vins d'Alsace sont donc pour la plupart monocépages, (sauf le crémant et l'Edelzwicker) même si quelques vignerons tentent des assemblages dont certains sont très intéressants.
Comme mes goûts allaient plutôt spontanément vers les vins rouges, j'ai découvert assez tardivement les vins d'Alsace dont plus de 90% de la production est faite de blancs. Mais j'ai alors été conquise immédiatement par le côté aromatique de ces vins, donc la teneur en alcool n'est jamais exagérée (à l'aune de la chaleur et de l'ensoleillement de cette belle région).
Les Gewurztraminer sont connus pour leur moelleux, qui les rend idéaux en accompagnements de desserts, mais on pense moins que ces arômes caractéristiques de miel, de fruits exotiques, d'abricots... peuvent aussi idéalement accompagner des plats salés.
A ma première dégustation autour des vins d'Alsace, il m'avait été suggéré de préparer un plat indien ou réunionnais, ce qui m'avait laissé non pas sceptique (j'avais toute confiance dans notre oenologue préféré), mais quand même un peu surprise. Eh bien, l'accord d'un carri de saucisses avec un Riesling Ammerschwihr Martin Schaetzel 2006 s'était révélé tout à fait adapté! Le nez de muscat et d'épices, de pamplemousses, se mariait avec le gingembre de la sauce et les deux se magnifiaient mutuellement.
Depuis je n'hésite plus à accorder ces vins d'Alsace, particulièrement les Riesling,
à ces plats de l'océan indien que j'affectionne particulièrement. On peut même oser les Pinot Gris (autrefois appelé Tokay, mais la Hongrie a eu
gain de cause pour faire modifier cette appellation qu'elle estime lui appartenir).
Nous avons donc été accueillis avec un verre de Crémant d'Alsace, 100% Riesling, millésimé 2005.
C'est vraiment un vin idéal à déguster en apéritif, en moment de bienvenue, sa couleur dorée, pâle, ses fines bulles le rendent déjà très plaisant à l'oeil; et à la dégustation, il offre un bel équilibre et une minéralité qui me séduit toujours, je trouve que cela apporte une note de légèreté même sur des vins plus puissants.
Le Crémant d'Alsace est vraiment à retenir si l'on veut changer du Champagne et, détail qui peut être utile, il présente un rapport qualité-prix
beaucoup plus intéressant, le prestige international en moins, mais une qualité et un travail de vignerons qui devraient vous surprendre!
A table, nous avons ensuite dégusté plusieurs merveilles, tous de grande qualité, mais aux caractéristiques toutes différentes, dont je ne vous livrerai
que les noms de ceux qui m'ont le plus marquée pour ne pas vous saoûler de paroles, faute d'y goûter ;-)
Ce Riesling Grand Cru
Kirchberg de Ribeauvillé 2009 qui m'a particulièrement séduite par son amplitude et sa longueur en bouche, avec toujours cette minéralité
caractéristiques et surtout des arômes de pétrole. Dit comme ça, cela peut paraître étrange aux non-initiés, c'est surprenant et cela ne plaît pas forcément, mais j'ai vraiment apprécié! On a
beaucoup moins l'impression de sucer des cailloux que sur des rouges du Languedoc, de garrigue, à cause des parfums de fruits, des notes aromatiques épicées, c'est autre chose, qui rend heureux
:)
Puis ce Riesling Wiebelsberg 2007, Alsace Grand
Cru, nous a été proposé avec un carpaccio de mulet accompagné d'une sauce soja, mirin, sésame. Une minéralité au nez encore amplifiée, des arômes de pierre à fusil et là encore, de pétrole,
étaient tout à fait adaptés à ces goûts maritimes et typiques, poivrés et doux à la fois. On se sent au bord de la mer, des parfums iodés qui tournent à l'orage, voyage... et ça
j'adore...
Sur des crustacés marinés, il devrait faire merveille!
Je m'aperçois que je ne vous ai parlé que des riesling, il faudra refaire un petit tour en Alsace,
promis. Je vous parlerai des accords vins blancs et fromages, il y a de quoi s'extasier pendant des heures!