22 Novembre 2013
C'est ce qu'a évoqué pour moi cette dégustation, un mouvement musical vif, qui vous emporte, où tous les instruments sont très présents et se répondent, s'opposent et se retrouvent dans une harmonie envoûtante.
Nous avions probablement été très orientés dans cette direction par la cuisine d'Antoine Heerah qui avait composé un menu autour de ces Calèches de Lanessan 2010, au Chamarré Montmartre.
J'avais déjà été très séduite par la cuvée 2009 qui, grâce au travail de Paz Espejo qui dirige le Château Lanessan depuis 2009, donne une couleur toute moderne à ce Haut-Médoc. Elle a su le dynamiser en le laissant exprimer ses touches poivrées et exotiques, tout en conservant un fruité doux sans être doucereux... Je vous dis, une harmonie pétillante de vie, qui incite au plaisir, on en redemande!
Dans un domaine marqué par le monde masculin, cette passionnée des vins de Bordeaux, au parcours international et éclectique, a vraiment su apporter une touche de modernité tout en conservant la noblesse qui fait la réputation des Hauts-Médoc.
Les Calèches de Lanessan est le deuxième vin du Château Lanessan (Domaine Bouteiller), et pour ma part, c'est celui que je préfère. Moins opulent, plus sur le fruit tout en restant présent, avec des arômes secondaires riches révélés par les préparations d'Antoine Heerah.
On se met doucement dans l'ambiance avec ce Velouté de cèpes oeuf confit à 63°, tout en finesse, qui met
en scène le terroir de graves.
Mais la Longe de thon mi-cuit au miel et au thym, va chercher les notes aromatiques, une très légère
pointe de menthe me semble là, quelque part... et les petites touches de l'assaisonnement vont chercher des trésors cachés, comme un puzzle.
Le Marbré de foie gras et anguille fumé aux légumes d'automne, pickles d'oignon rouge et cerises griottes,
nous laisse dans un premier temps assez surpris. Les avis sont partagés; est-ce trop de directions, un éparpillement? Pour ma part, je continue à penser à un puzzle qui va chercher tous les
trésors que recèle ce vin et les réunit dans une fusion qui se révèle finalement tout à fait cohérente. La fraîcheur et la gourmandise, le croquant et le charnu, le fruit et la légère touche
animale, tout s'accorde.
Et le clou du spectacle, c'est ce Filet de boeuf de Galice en croûte de sel et poivre vert d'Asie, figue noire en
tempura, chaînette et pointes confites en parmentier au Calèches de Lanessan, création du chef spécifique à ce vin,
découpé devant nous.
Cuisson parfaite, et il fallait oser ce poivre sansho aux notes acidulées, mentholée (on la retrouve) et au piquant assez puissant, tempéré par le tempura (haha) fruité, une sorte d'apothéose!
Très franchement, je pense que les Calèches de Lanessan, pour un prix très raisonnable (autour de 8 euros la bouteille) seront de mes tables de fête cette année. Je suis vraiment séduite par ce bouquet de parfums qui font appel à des souvenirs olfactifs qu'on ne se lasse pas de découvrir, tout en conservant une unicité, une cohérence du début à la fin de la dégustation.
Du Mozart, vif, allègre, riche et généreux!