Deuxième jour, direction Agra, obligé, on ne va pas dans le nord de l'Inde sans rendre visite au Taj Mahal.
La sortie de Dehi est très très longue, la circulation dense.
Le long des grandes artères qui quittent la capitale, de grands complexes assez nombreux, sortent de terre. Au début, nous les
prenons pour des cinémas multiplexes, étant donné la production cinématographique indienne, mais non, ce sont des centres commerciaux
luxueux.
C'est assez surprenant, nous aurons l'occasion d'en visiter un; il est difficile de faire coincider cette vision d'une clientèle
attendue extrêmement aisée avec la population indienne que nous côtoyons au quotidien. Qui les fréquente? Lors de notre visite, nous étions quatre clients européens pour une quinzaine de
vendeurs aux petits soins, désireux de nous vendre des tapis de soie du Cachemire, des sculptures en bois gigantesques dans un décor où on pourrait tourner un bollywood sans problème.
On suppose donc que l'amplitude entre les différentes catégories sociales va bien au-delà de ce que nous imaginions.
La route est semée également de temples multiples, certains très modestes, tentes montées sur les bords des routes et décorées de fleurs et
de guirlandes, qui accueillent les adorateurs de Shiva en marche, ils vont de l'un à l'autre... et d'autres beaucoup plus remarquables, qu'on immortalise au passage.
En arrivant à Agra, refreshment at the hôtel, où on constate, et ça se confirmera, que les lits dans les hôtels sont grands!!! C'est
super cool de pouvoir dormir en étoile de mer sans gêner l'autre!
Bon, faut avoir la chambre pour mettre autour... N'y pensons plus.
Comme je disais avant de partir, le Taj Mahal est un mausolée élevé par un maharadjah très malheureux à son épouse chérie décédée au cours
de sa 18ème grossesse (vous me permettrez une pensée émue pour cette sainte femme, et pour toutes celles qui, comme elle, tous rangs nobiliaires ou roturiers confondus, n'ont pas eu le
choix).
Et il n'a pas fait les choses à moitié, Shah Jahan! C'est vraiment majestueux! Cet homme avait le sens du splendide, un sens artistique pas vraiment
sobre, mais harmonieux, qu'il a également mis en scène dans d'autres constructions, plus guerrières, mais toujours splendides.
Curieusement, la luxuriance des lieux appelle au recueillement, la foule n'y change rien. On a l'impression que l'objet de cette vénération, la douleur qui a présidé à ce projet, sont
omniprésents, on est dedans, on admire, on est subjugué, surtout par la qualité architecturale de l'ensemble. Parce que le Taj Mahal, ce n'est pas que le mausolée, c'est un ensemble de
bâtiments, de portes fortifiées, entourés d'un jardin, ensemble qu'il faut traverser pour accéder au saint des saints. L'approche se fait depuis quelques années à pieds (ou en vélo-pousse),
depuis qu'il a été constaté que la pollution automobile avait des incidences sur la couleur du marbre blanc du monument, qui prenait des teintes jaunâtres ou grises.
Petit ajout: jeviens de lire une phrase d'Alberto Manguel à propos de Gilgamesh et cela me semble faire écho à ce que je ressens, en mieux dit, alors je vous la livre:
" Après les épreuves et les aventures, après la révélation et la perte, le roi doit faire deux choses: préserver la splendeur de sa cité et raconter sa propre
histoire. Les deux tâches sont somplémentaires: elles parlent toutes les deux du lien intime entre construire une cité de murs et construire une histoire de mots, et toutes deux ont besoin,
pour s'accomplir, de l'existence de l'autre."
Parce que c'est vrai que toutes les forteresses que nous avons visitées là-bas ensuite ne sont pas que des places militaires. Ce s ont des lieux
d'habitation où chaque monarque a mis sa marque, et où son sens artistique, son intérêt pour la culture se sont exprimés, ce qui donne à chacun une personnalité unique et inséparable de celui
qui en a été à l'origine.
Une fois le jardin traversé, on accède à des portes en grès rouge où sont installés les guichets d'entrée. Les hommes et les femmes font la queue séparément, fouille à l'entrée oblige. On n'a
pas le droit de faire entrer le moindre objet tranchant, ou susceptible de dégrader les lieux.
Donc l'attente est un peu longue, on a le temps de regarder autour de soi, de sourire aux passants
qui nous le rendent bien.
d'écouter les musiciens nous distraire
et de se demander, mais où est-il?? Jusque là, il est invisible...
quoique...
... ça se précise. Et une fois cette dernière barrière franchie...
on a beau s'y attendre, il y a un instant d'émotion.
Bon j'avoue, on n'a pas résisté à faire les touristes, c'était trop tentant. une famille nous a demandé de les prendre tous ensemble devant le monument, alors on leur a demandé d'en faire autant,
un vrai plaisir!
ç'aurait été dommage de s'en priver, non? En plus on avait Nanni Moretti avec nous,
alors on a une excuse...
Quelques détails, les incrustations de pierres semi-précieuses qui ornent toutes les façades
la porte d'entrée
les petites filles qui adorent se faire photographier
les premiers pas, même à quatre pattes, ici, ça ne s'oublie pas!
et les plus grands aussi, tout fiers!
le reflet dans le bassin, un souvenir que l'on emporte...
un dernier regard, sous une lumière changeante...
Demain nous visiterons le Fort Rouge, grand moment aussi, mais pour patienter, un petit repas tout simple et plein de goûts, sentez-moi ça!
Le riz, en Inde, se décline de mille manières. Il peut être plain (du riz blanc), mais aussi byriani, ou pulao, et ces appellations peuvent revétir autant de variétés qu'il y a de régions voire de cuisiniers en Inde. Une partie du riz, au moins, est mise à
revenir dans de l'huile avec des épices et cuite façon pilaf, et on peut y ajouter du curcuma pour le colorer.
Ensuite, les assaisonnements sont multiples: végétarien (avec légumes variés: petits pois, chou-fleur..., fruits dans le Cachemire,
fruits secs...), ou cuisiné avec viande, poisson, crevettes.
Je vous en propose un qui a ravi nos papilles et remis dans l'ambiance.
Riz pulao aux crevettes
pour 4 personnes
200g de riz basmati
2 oignons émincés finement
1 bâton de cannelle
5 graines de cardamome
4 clous de girofle
4 feuilles de laurier indien (tej patta) ou de laurier d'ici, à défaut
1 tige de citronnelle
4 gousses d'ail
1/2 c. àc. de curcuma
1 morceau de gingembre de 5 cm
300 g de crevettes
2 grosses poignées de petits pois surgelés
1 c. à s. de raisins secs réhydratés dans de l'eau chaude
3 c. à s. d'huile végétale neutre
Dans une sauteuse, faites chauffer
l'huile et jetez-y l'oignon émincé, la cannelle, les graines de cardamome ouverte (pour que les petites graines se
libèrent), les clous de girofle, le laurier et la citronnelle finement émincée (seulement la partie renflée du bas de la tige, le reste est dur).
Remuez jusqu'à ce que les oignons soient dorés. Ajoutez alors le curcuma, l'ail et le gingembre.
Mélangez bien, le temps que le tout se colore en jaune, puis ajoutez les crevettes. Quand elles rosissent, ajoutez le riz et mêlez le tout pour que les saveurs se propagent.
Versez alors 1/2 l d'eau bouillante, remontez à ébullition, ajoutez les petits pois, les raisins secs, couvrez et laissez cuire doucement 20 à 25 mn, jusqu'à ce que l'eau soit complètement
absorbée.
Accompagnez d'une petite sauce fraîcheur délicieuse et très
facile à faire. A première vue, cela ressemble à la raïta, mais le goût est très
différent.
Pachadi de carottes
1 c. à s. d'huile
1 c. à c. de moutarde noire
2 piments oiseaux débarassées de leurs graines
1/4 c. à c. d'asa foetida (facultatif)
1 dizaines de feuilles de curry
3 yaourts nature
2 carottes rapées
feuilles de coriandre
sel
Dans une petite poêle, faites chauffer l'huile.
Mettez-y les piments émincés très fin et les graines de moutarde. Mettez un couvercle immédiatement et remuez l'ensemble: les graines de moutarde vont éclater et sauter partout sinon. Dès que crépitement se calme (attention ça brûle très vite!), ajoutez les feuilles de curry et l'asa
faetida. Mélangez bien et retirez du feu.
Mélangez dans un saladier les yaourts et les carottes rapées, puis incorporez le mélange d'épices et la coriandre ciselée, salez, réfrigérez jusqu'au moment de servir.
Tout cela est parfumé à souhaits, et nous donne envie de goûter encore des plaisirs
indiens!