23 Mai 2014
Alors, j’ose le dire, je suis allée voir Grace de Monaco, et je ne suis pas sortie foudroyée par l’ennui en levant les yeux au ciel, affligée devant tant de nullité, contrairement à la grande majorité des critiques, si j’en crois ce que j’ai lu le lendemain de sa sortie.
Au contraire. Il m’a fait l’effet plutôt positif des films à la fin desquels on reste enfoncé dans son fauteuil à lire le générique, pas envie de bondir tout de suite vers la sortie. Et envie de se demander ce qu’il y a au-delà de cette histoire assez peu convaincante, et de la grande Nicole Kidman (oui, je suis fan, et elle mesure 1.80m, donc je maintiens le qualificatif).
Et ce n’est pas l’effet princesse-conte de fée, pour lequel je ne suis pas du tout bon public, qui n’est pas super efficace ici, et probablement pas le but recherché.
So, what ?
Des défauts, il y en a. Plein. D’abord l’intrigue, complètement invraisemblable : De Gaulle menace d’entrer en conflit avec la principauté si Rainier ne décide pas d’imposer les riches immigrants (qui justement débarquent à Monaco pour éviter l’impôt) et de reverser les fonds perçus à la France. Menace de guerre, quoi !
Grace se mobilise comme porte-parole de cette noble cause et prononce au bal de la Croix-Rouge un long discours pour défendre « son peuple ». Qui n’en est quand même pas à mendier son pain dans la rue.
N’importe quoi, donc. Et en plus très loin de la réalité historique semble-t-il.
S’y ajoute une pseudo-intrigue policière, d’espionnage à la solde de la France, à laquelle sont mêlés la sœur de Rainier et son mari, tournée à la façon d’une parodie baroque du film noir américain, avec poursuite en voiture dans la montagne, clair-obscur, coup de théâtre… Rien de très maîtrisé, mais qu’importe. Je n'exclus d'ailleurs pas de le revoir quand il sortira en vidéo pour m'arrêter sur ces scènes secondaires travaillées, même maladroitement, dans un style caricatural parfois vraiment amusant.
On ne peut pas dire que Tim Roth soit particulièrement charismatique avec sa fausse moustache (mais si ça se trouve elle est vraie!?!?) et ses allures mollassonnes, campant un prince à l’attitude méprisante et prétentieuse, doué d’un manque total d’efficacité en tant que souverain et laissant sa femme faire tout le boulot en la rabrouant. On comprend parfaitement que les héritiers n’aient pas apprécié l’exercice de style.
Si je n’ai pas été si déçue que ça, c’est que je n’étais pas venue voir un documentaire historique, je venais pour Nicole Kidman dans le rôle de Grace Kelly. Que les français et les monégasques, face à une reconstitution très caricaturale de leurs icônes et de leur histoire (Charles de Gaulle semble un être de petite taille et de peu d’envergure), soient atterrés, admettons.
Mais laissons de côté la vraisemblance et laissons-nous emporter, c’est du cinéma !!! La mise en scène magnifie l’actrice vedette, qui est bien filmée ; magnifiquement éclairée, fait du Kidman, c’est vrai, mais tellement bien ! Qu’une comédienne soit capable de passer de Virginia Woolf (The Hours) à Dogville en passant par Eye’s Wide Shut, et de manière éblouissante, je ne peux que me laisser charmer, et je ne m’en suis pas privée, par ce nouveau numéro qui ne m’a pas ennuyée une seule seconde. Elle fait revivre Grace Kelly, elle en a le charme, la beauté, elle fait émaner la subtilité que possédait sans nul doute la personne et l’actrice. Alors pourquoi bouder son plaisir ?
Kidman porte le film, parce que le reste du travail de réalisation n’est pas très brillant, mais je me suis quand même amusée de cette ambiance kitsch et décalée.
En un mot, j’ai envie de vous conseiller d’aller le voir si vous en avez envie, sans vous laisser influencer par la bien-pensance des critiques françaises (je n’ai pas lu les autres) et je suis prête à parier que vous passerez un très bon moment.