30 Novembre 2010
Pour diversifier un peu, il n'y a pas que la cuisine dans la vie, j'ai envie de vous faire partager une belle découverte.
Dernier étage Gauche Gauche, un (premier) film de Angelo
Cianci.
Les films étiquetés comédie française, ce n'est pas ce vers quoi je me précipite, et j'ai peut-être tort.
Du moins c'est ce que je me dis depuis ce film, dont l'affiche ne reflête pas tout à fait la richesse.
Le synopsis évoque une situation de départ relativement banale: un huissier vient faire son travail dans une cité HLM et se retrouve séquestré par un jeune homme qui s'est mépris sur les raisons de sa présence.
L'huissier, joué par Hyppolite Girardot, se retrouve donc, sur un quiproquo, embarqué dans un huis-clos semi burlesque avec un homme d'âge mur, joué par Fellag, et son fils (Aymen Saïdi). Le jeune homme est paniqué par l'idée que le stock de cocaïne qu'il planque pour un caïd de la cité ne soit le centre des préoccupations et il entre dans un comportement incohérent et hyper agressif vis à vis de tous les interlocuteurs potentiels et principalement de son père qu'il considère comme un lâche "qui s'évanouit dès qu'il voir une goutte de sang".
C'est à partir de là que ce film évolue d'un argument de comédie vers une confrontation entre trois hommes et pose la question des relations père-fils, met en présence trois personnalités attachantes, générations et origines confondues.
Leurs parcours personnels se confrontent, se croisent, alors qu'elles semblaient devoir soit s'opposer, soit ne jamais se rencontrer.
Beaucoup de finesse dans les dialogues. De l'humour, oui, mais pas d'éclats de rire. Enfin du moins pour ma part, parce que derrière tout ça, des personnalités se cachent, se découvrent, il y a de la douleur, même si elle accouche doucement de la découverte de l'autre dont on s'était construit une image que l'on croyait immuable et qui surgit, nouvelle, donne des envies d'ouverture, de reconstruction.
L'intrigue se passe en banlieue sans qu'elle ne soit jamais clairement localisée, et les dialogues s'échangent dans le langue d'origine des protagonistes (français, kabyle).
Mais dans les moments de tension, quand l'échange devient difficile, voire impossible, tout se passe dans un mélange des langues des cités telles qu'elles se construisent dans une évolution constante qui les rend indéchiffrables au profane, un remix de verlan, d'arabe, qu'aucun des "médiateurs" ne peut comprendre. Cela me semble évoquer à un sens plus large l'incompréhension face à l'autre, si différent mais aussi si semblable.
Beaucoup de questions sont posées, donc. Aucune réponse n'est proposée, et la métaphore finale incite au rêve, aux questions, à l'espoir, même ténu.
Donc si ça passe près de chez vous, précipitez-vous...