8 Février 2013
C'est une expo que l'on aimerait pouvoir visiter seul, au crépuscule, quand les bruits de la ville se feutrent, que le regard peut se faire plus léger sur le gris bleuté des eaux de la Seine aperçue par l'une des fenêtres...
Mais de toute façon, les autres visiteurs, on les oubliera vite.
Dès la première toile, on entre directement dans le monde que Bilal recrée pour nous dans cette salle des Sept-Cheminées, au milieu de laquelle des panneaux de bois ont été montés, sans toucher aux autres oeuvres françaises néoclassiques de l'exposition permanente, sous la somptueuse voûte de cette pièce aux dimensions étonnantes.
On n'entre pas d'ailleurs, on plonge, directement, captivé par la mise en scène. Antonio de Aquila surgit vers nous, semblant chercher
son souffle, voulant échapper au sourire de la Joconde.
Son histoire, façon fiche de police, nous est relatée sur un panneau immédiatemnt à la droite du tableau, laissant notre imagination
faire le reste, tisser les liens qui l'ont uni à cette époque, à son aventure, à sa mort violente qui en a fait un des spectres de ces lieux.
De toile en toile, Bilal nous fait pénétrer le musée, ses objets
soudain habités
Le regard de ses habitants que nous avions failli ne pas voir nous transperce,
nous appelle,
cherche à nous retenir...
On ne peut s'empêcher de lire chacune des histoires de ces femmes, de ces hommes, de ces légendes qui ne nous quitteront plus,
le piège se referme.
On finit par sortir, mi-hypnotisé, mi-soulagé.
On sait qu'on ne regardera plus jamais la Victoire de Samothrace de la même façon. Aloyisias, arrêté en plein vol aux commandes de son
char murmurera toujours son agonie à ses pieds.
Enheduana, Ahmôsé, Analia et les autres hanteront ces lieux à jamais.
Il existe aussi une application pour Iphone et Androïd très bien faite, où les histoires de chacun des fantômes sont contées par Bilal lui-même. Je crois que je retournerai les voir, accompagnée de cette voix.
23 photos tirées sur toiles de 50X60, retravaillées par Enki Bilal à l'acrylique et au pastel.
Les Fantômes du Louvre. Enki Bilal
Exposition au Musée du Louvre, aile Sully, salle des Sept-Cheminées
Jusqu'au 18 mars 2013