3 Septembre 2012
Un peu long, ce titre. Peut-être un peu brouillon en apparence... Mais non, en fait.
Kanchipuram est une ville très riche d'un point de vue religieux et artisanal, donc je vous en raconte un peu, mais j'ai aussi envie de vous parler au fur et à mesure des recettes que j'ai eu envie de refaire depuis mon retour, et pas forcément dans l'ordre où je les ai goûtées pendant le voyage... ce poulet de Chettinad, par exemple, quels parfums!!!
Partons donc accompagnés de cette petite fille pour une nouvelle balade...
Kanchipuram est l'une des sept villes saintes de l'Inde (la deuxième plus importante après Vanarasi - Bénarès), et plus particulièrement de l'hindouisme, mais les bouddhistes et les jaïnistes y trouvent aussi une place privilégiée dans la pratique de leur culte. La ville a été fondée du VIème au VIIIème siècle par les Pallava, qui tenaient à en faire un lieu de tolérance. Ils favorisèrent le développement artistique, en particulier musical. Les Choola qui leur succédèrent, poursuivirent dans le même esprit en construisant de nouveaux temples... Une mine donc pour ceux que la complexité des pratiques religieuses en Inde passionne, mais aussi un lieu de pélerinage extrêmement actif qui accueille des milliers de familles et fait vivre une grande partie de la population. L'autre source importante de revenus est la fabrique de la soie, organisée en entreprises familiales qu'il est très facile de visiter.
On y est très bien accueillis, très aimablement, par des artisans très heureux et fiers de pratiquer devant nous un savoir-faire
ancestral.
Le Ekambareshwara Temple surprend tout d'abord par sa majestueuse porte, un
gopuram de près de 60 m de haut, typique des temples du Tamil Nadu.
Il est un lieu de pélerinage pour de nombreuses familles
qui s'installent sans façon pour pique-niquer,
certains viennent sans doute de loin, d'autres sont familiers des lieux,
semblant en faire partie intégrante.
Notre manie de tout photographier, de peur de rater quelque chose, suscite la curiosité.
Tous ont envie d'être aussi sur les clichés
En famille
ou seule,
transmettant chacun à sa façon, par un regard ou un sourire,
un message fugitif qui ne nous laisse pas insensibles.
Le temple abrite un manguier séculaire, enfin un rejeton de celui-ci, toujours vénéré mais dont il ne reste que quelques reliques
sur lesquelles veillent des divinités attentives, vigilantes, même!
Et on n'a pas envie de leur désobéir
ça non! Bien que certaines qui me rappellent les manèges de chevaux de bois, fassent moins peur.
Pour ceux qui n'auraient pas bien compris, des silhouettes, composées de chandelles de ghee, veillent.
Et au cas où ce ne serait pas suffisant, on a délégué un lézard conscient de sa mission!
On n'a pas joué les rebelles, on s'est assis, longtemps, tranquilles parmi les fidèles, dans cette atmosphère douce et reposante,
avant de repartir vers le Kailashanata Temple, beaucoup moins
fréquenté.
Les allées et jardins sont minutieusement entretenus par des jardiniers infatigables aux outils plutôt archaïques
et qui parviennent à nous ravir par une flore abondante compte tenu de la sécheresse.
Le temple est composé de petites niches successives
riches d'innombrables sculptures décrivant de nombreuses scènes de la vie de Shiva, y compris par l'écriture.
A l'entrée, un garde autoproclamé nous tient un discours assez confus sur l'autorisation ou non de faire des photos. On commence à en prendre, il nous arrête. Comme on est plutôt dociles, on range nos appareils, puis il nous prie de prendre des photos
*_*
Quelques roupies fluidifieraient-elles son discours? On ne saura pas, on n'arrive vraiment pas à comprendre ce qu'il veut nous
dire...
De charmantes perruches nous accompagnent, pas sauvages du tout. Des écureuils aussi. C'est tranquille.
Mais ici de toute façon, il n'y a vraiment pas grand monde. Ce temple est pourtant particulièrement impressionnant, et intact à travers les âges, Construit également par les Cholla au VIIIème siècle, les tentatives de restauration par les anglais sont particulièrement grossières, voire franchement ratées, mieux vaut s'arrêter sur ce qui reste et conserve au moins l'empreinte du passé.
Nos pas nous mènent ensuite, histoire de changer un peu, vers une fabrique de tissus en coton, une maison toute en longueur, où des hommes travaillent à des métiers à tisser.
Ils ont le bas du corps dans une fosse
au bord de laquelle la place à laquelle ils s'asseyent s'est polie avec le temps, et manient les bobines avec une régularité de
métronome,
c'est vraiment impressionnant.
Des fils d'une grande finesse sont enroulées sur des écheveaux en bois d'un autre âge
puis en petites bobines qui attendent leur tour.
Un peu plus loin, une femme nous laisse entrer dans une pièce
qui est sa maison, son atelier, sa chambre.
Pendant qu'elle tisse la soie, son petit garçon dort, doucement bercé dans une étoffe suspendue.
Nous allons nous retirer doucement, pour faire route vers Mahabalipuram, notre prochaine étape.
Comme me l'a recommandé Apolina, je n'ai pas manqué de goûter aux spécialités de Chettinad que nous visiterons un peu plus tard, mais il me tardait de vous proposer ce plat de poulet parfumé et délicieusement acidulé.
Poulet Chettinad
1 poulet découpé en morceaux
Pour le mélange d'épices
2 c. à c. de graines de pavot
1 c. à c. de graines de fenouil
1 c. à c. de graines de coriandre
1/2 c. à c. de graines de cumin
6 à 8 piments rouges (vous pouvez en mettre moins!)
1 bâton de cannelle
3 graines de cardamome
2 clous de girofle
1 tasse de noix de coco râpée
1 anis étoilé
Une dizaine de feuilles de curry
Pour la sauce
2 c. à s. d'huile végétale
1 gros oignon finement
émincé
1/2 c. à c. de curcuma
2 gousses d'ail hachées
1 morceau de racine de gingembre de 3 cm épluché et haché
3 tomates
Le jus d'un citron
Sel
Feuilles de coriandre fraîche
Faites chauffer une poêle à sec et déposez dedans toutes les épices du mélange d'épices. Faites-les torréfier doucement jusqu'à ce que l'ensemble dégage ses arômes. Ajoutez la noix de coco et mélangez continuellement jusqu'à ce qu'elle soit juste dorée. Laissez refroidir, puis passez au mixeur pour obtenir un mélange de poudre légèrement pâteux (à cause de la noix de coco).
Dans une grande sauteuse, faites dorer les morceaux de poulet dans un peu d'huile, sur toutes leurs faces. Retirez et réservez.
Mettez dans la sauteuse l'oignon, faites le dorer légèrement, puis ajoutez le curcuma, l'ail et le gingembre. Remuez pendant 2 mn, puis ajoutez la pâte d'épices. Mélangez bien.
Découpez les tomates en petits dés et ajoutez-les au mélange, ainsi que le jus de citron, pour obtenir une sauce onctueuse. Remettez les morceaux de poulet, mélangez bien, couvrez et laissez mijoter jusqu'à ce que le poulet soit cuit, environ 20 mn. Ajoutez environ un verre d'eau si la sauce se dessèche.
Au moment de servir, parsemez de feuilles de coriandre fraîches.
Servez avec du riz blanc, basmati de préférence.
Vous pouvez l'accompagner comme ici d'un dahl de lentilles corail, dont vous trouverez
la recette ici.
A bientôt pour de nouvelles aventures!