25 Janvier 2012
Si comme moi vous êtes relativement méfiant vis-à-vis de l'information distillée par les médias, si par instinct ou déconvenues multiples, vous choisissez de ne pas regarder la télévision mais plutôt de vous informer par l'intermédiaire de la presse écrite, si vous cherchez à faire des recoupements entre les différentes sources internet parmi lesquelles vous avez déjà fait un tri...
Si vous êtes plutôt du genre à décrypter le piège de la formulation, l'effet de style qui cache un non-dit inacceptable, qui éveillera votre curiosité pour aller chercher ailleurs un peu plus de sources, vous ne vous sentez pas pour autant l'âme d'un dangereux paranoïaque qui se sent menacé en permanence, mais plutôt celle d'un citoyen soucieux de conserver ses lettres de noblesse à la liberté de penser et à la démocratie.
Allez donc voir Les Nouveaux chiens de garde. Ce que vous pensez n'en sera que confirmé, ne vous rendra que plus vigilant, et vous pourriez même être surpris de votre naïveté.
C'est l'impression que j'ai eue lorsque les lumières se sont rallumées après la projection. Le sentiment renforcé d'être le jouet d'intérêts orientés pour l'essentiel dans un but mercantile et qui ne ressemblent plus que de très loin à l'idéal que représentait le journalisme pour des Albert Londres, Evelyn Vaugh ou plus près de nous pour Paul Nizan qui avait déjà tenté de nous mettre en garde (haha) avec ses Chiens de Garde. C'était en 1932.
Et c'est plus que jamais d'actualité.
Ici ce sont les motivations et l'éthique des "experts" constamment sollicités sur les sujets les plus divers, toujours les mêmes, mais aussi de Michel Field, Philippe Val, Isabelle Giordano, Nicolas Demorand... qui sont réinterrogées ainsi que de nombreux journalistes de la presse écrite et de grands quotidiens.
Il y a donc des raisons de penser que peu de publicité sera faite à ce film, qu'il ne passera jamais à la télévision évidemment, et que sans le bouche à oreille, il ne tiendra pas longtemps à l'affiche.
Bien sûr, il a été critiqué pour sa partialité, son absence d'objectivité, son choix d'extrait courts qui en feraient des
contre-vérités... c'est à entendre, et à réanalyser. A vous de voir. C'est aussi une façon d'entendre différemment ce qui nous est déversé au quotidien, formaté malgré les sources de plus en
plus nombreuses.
Serge Halimi avait écrit Les Nouveaux Chiens de Garde en 1997, et actualisé en 2005. Cet ouvrage a servi de trame au film.
Il serait utile aussi de voir ou de revoir les films de Pierre Carles sur ces questions.
Voilà le synopsis:
Les médias se proclament « contre-pouvoir ». Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations prémâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.
En 1932, Paul Nizan publiait Les Chiens de garde pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en gardiens de l’ordre établi. Aujourd’hui, les chiens de garde, ce sont ces journalistes, éditorialistes et experts médiatiques devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, Les Nouveaux chiens de garde dressent l’état des lieux d’une presse volontiers oublieuse des valeurs de pluralisme, d’indépendance et d’objectivité qu’elle prétend incarner. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d’une information pervertie en marchandise.
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