Vendanges en Côtes de Gascogne, de la vigne au vin en direct live!

Petit flash back pour commencer: le 15 août dernier, entre  l'Inde et  Dublin si vous suivez mes aventures, je suis allée faire un tour dans le sud-ouest. Je ne peux plus m'en passer: le nombre de jours d'ensoleillement par an est incomparable, et les gens sont accueillants, souriants, aimables... ceci expliquant peut-être cela, du moins en partie?

Et pendant ce petit séjour, nous avons participé, au milieu des vignes du Gers,

à une grande fête familiale d'autant plus accueillante que nous n'avions pas du tout l'impression de ne pas faire partie de la famille, alors que nous n'étions que des pièces rapportées (et très heureuses de l'être).

Tout le monde a mis la main à la pâte pour préparer le lieu des festivités, une cinquantaine de personnes était attendue, toutes générations confondues. L'ambiance des préparatifs était aussi sympathique que la fête elle-même fut chaleureuse, une fois tous les convives arrivés, en pleines retrouvailles annuelles!

Environnés par les vignes,

je n'arrêtais pas de poser des questions sur les vins qui étaient produits à partir de tous ces raisins, les cépages, les récoltes, le terroir, etc., ce qui a amené Christian, le maître des lieux, à finir par me dire:

"Mais tu n'as qu'à venir au moment des vendanges!"

J'espère pour lui qu'il était sérieux, parce qu'il ne fallait pas me le dire deux fois: dès mon retour, j'ai pris mes billets de train et l'ai appelé pour lui annoncer que je revenais! Il a eu l'air un peu surpris, mais, fidèle à sa parole, nous a programmées, ma copine Marie-Hélène et moi dans son emploi du temps, pourtant plus que chargé à cette période.

J'ai donc débarqué avec ma petite valise à Toulouse,  fait quand même un tour dans la ville, en attendant que Marie-Hélène ait fini de faire classe à ses petits élèves, et en route pour le Gers!

Nous nous retrouvons donc en plein coeur des vignobles de Gascogne, plus précisément dans les terroirs argilo-calcaires autour de Vic-Fezensac, donc la production est majoritairement faite de vins blancs. L'appellation Côtes de Gascogne est une IGP (indication géographique protégée), qui a remplacé l'appellation Vin de Pays (VDP) depuis 2009.

Les principaux cépages blancs qui participent à l'élaboration des Côtes de Gascogne blancs, sont le Colombard, très fruité, aux arômes d'agrumes et de fruits exotiques, le Gros Manseng, qui apporte le côté moelleux, tout d'agrumes et d'abricots mûrs, et l'Ugni blanc. Le Chardonnay et le Sauvignon, cépages nobles, plus charpentés, sont associés pour les structurer.

Mais on y produit aussi des vins rouges fort gouleyants, à base de tannat, cépage typiquement gascon à la robe intense, presque violette et aux arômes de fruits rouges, confiturés. Il est assemblé avec les cépages du bordelais, Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon, qui lui apportent rondeur et complexité.

On se lève tôt pour faire les vendanges!

Les journées de Christian et de ses collègues commencent à 4 heures du matin, et il n'est pas rare qu'elles se terminent à minuit ou une heure. Ils me conseillent d'attendre le lever du soleil pour les rejoindre. De nuit, je ne verrais pas grand-chose. Mais la veille au soir, on va mettre en place les tracteurs et les caisses: tout sera prêt pour se mettre au travail au petit matin.

Je me lève tôt pour prendre quelques photos dans la brume matinale qui ne va pas tarder à se lever

et je suis toute contente de les voir arriver, ils ont déjà vendangé quelques parcelles.

Le tracteur va se mettre en place.

La machine à vendanger arrive elle aussi.

Ici, on a opté pour les vendanges à la machine: le terrain est relativement plat, on produit des vins qui le permettent, et il devient de plus en plus difficile de trouver du personnel pour les vendanges manuelles, d'autant que les normes d'accueil des vendangeurs ont beaucoup changé ces dernières années. Cela nécessiterait la construction de nouvelles infra-structures très coûteuses, les choix de rentabilité se sont donc orientés dans cette direction.

On met en place les bennes, que Christian appelle "caisses", qui recueilleront le raisin au fur et à mesure.

et voilà la machine à vendanger

qui passe au-dessus des vignes et récupère les grappes.

J'ai même le droit de monter dedans! 

Le maniement est assez technique, il faut continuellement maintenir l'horizontalité de la plate-forme pour éviter que la machine dont le centre de gravité est haut, ne bascule. Ici le terrain est plat, mais certaines parcelles sont sur des coteaux plus vallonés.

On surveille à la fois le sol sous ses pieds pour s'assurer que tout se passe bien,

et le remplissage de la cuve à l'arrière.

Quand elle est pleine, on va la vider dans une caisse

et on y retourne!

Petite pause

On en profite pour goûter au jus de raisin directement prélevé à la source, artisanalement avec une casserole, une passoire et un entonnoir.

Eh bien je peux vous dire que le goût n'a rien à voir avec celui des briques des hypermarchés! J'essaie d'être raisonnable et de ne pas en boire des litres parce que cela a probablement un effet intestinal assez... naturel :D

Quand une caisse est pleine, on la charge sur le camion,

et direction la coopérative

Pendant le trajet, je discute avec Christian, qui m'explique que la récolte de cette année est très inégale: il n'a pas plu depuis deux mois. Les vignes qui étaient mûres un mois plus tôt l'an dernier l'ont été plus tardivement, pour d'autres c'est l'inverse. Lorsque les plants ont bénéficié d'un creux où l'eau se maintenait, ils ont prospéré

tandis que d'autres sur les mêmes côteaux, étaient assoiffés et se sont desséchés.

C'est à ce niveau qu'intervient le travail de l'oenologue attachée à la coopérative de Vic-Fezensac, où les raisins vendangés seront acheminés. Cette jeune femme, Audrey, se déplace dans les vignes, reçoit des échantillons des différentes parcelles que lui apportent les viticulteurs, les analyse, et détermine quelles sont les parcelles à vendanger en priorité pour obtenir une qualité constante dans les vins qui seront élaborés à la coopérative. 

Par ailleurs, il ne faut pas laisser le raisin en place trop longtemps quand il arrive à maturité, parce que la qualité se dégrade ensuite, il y a vraiment un seuil précis à saisir.

Lorsqu'on arrive, le camion est pesé, il apporte à chaque passage entre 7 et 9 tonnes de grappes.

Puis le labo prend un "carottage" de jus

Hop, on le remonte!

Le jus est analysé

pour en mesurer l'acidité. Selon le degré d'acidité, le contenu de chaque camion sera acheminé vers des conteneurs différents.

la caisse est vidée dans des cuves

où le premier travail va s'effectuer aussitôt: les grains vont être séparés des rafles

et être acheminés vers d'autres containers où il sera débarrassé progressivement de toutes les impuretés.

Les installations de la coopérative sont assez impressionnantes.

Après plusieurs aller-retours entre les vignes et la coopérative,

nous allons maintenant visiter la partie "cave".

Ici, c'est le vin rouge qui est élaboré. Le raisin est mis dans ces grandes cuves métalliques, on laisse les peaux remonter à la surface, puis le jus est plusieurs fois remonté, puis repassé au travers des peaux, ce qui lui confèrera la couleur voulue.

Oui, le saviez-vous? La couleur rouge du vin est dûe non pas à celle du jus de raisin, qui peut être blanc lorsque le raisin est noir, mais à la macération avec les peaux des grains.

Après chaque passage, la cuve est vidée, puis nettoyée à grande eau, dans une ambiance franchement joyeuse!

A l'ouverture des cuves pour le nettoyage, bien que vidée, il convient de se tenir à distance à cause du dégagement de gaz carbonique, la fermentation est en marche.

Le travail s'effectue sans discontinuer

Après les remontées, on ajoute les levures qui accélèrent le départ de la fermentation, elles seront différentes suivant le type de vin et l'effet recherché.

Ensuite, on passe au pressoir.

Les peaux vont être éliminées, puis plusieurs étapes vont totalement débarasser le jus de tous les résidus

qui seront diversement recyclés: fabrication d'alcools industriels, alcools à brûler, engrais...

Puis la fermentation, amorcée dans les étapes précédentes, se poursuit dans des cuves réfrigérées, à des températures et pour des durées de fermentation adaptées à chaque cuvée.

La coopérative produit cinq ou six vins différents, mais aussi de l'Armagnac, et la grande spécialité gersoise servie immanquablement à l'apéritif: le Floc de Gascogne, fabriqué à partir d'Armagnac et de jus de raisin rouge ou blanc. En été, dans le cadre, avec la chaleur et les amis, c'est irremplaçable!

C'est ici que se commercialisent les vins élaborés à Vic-Fezensac, et je vous recommande vraiment de vous y arrêter pour faire connaissance si vous passez dans le coin, ce sont ce qu'on appelle un peu rapidement de petits vins, mais que le travail de vinification soigneux rend extrêmement agréable, et dont la qualité se perpétue grâce à la vigilance de vrais passionnés. A découvrir, vraiment!

Je vous en parlerai plus précisément bientôt, je vais les regoûter exprès pour vous les raconter!

On a aussi mangé du raisin de table quand même, du muscat de Hambourg qu'on est allé cueillir directement sur les ceps, je vais en planter dans mon jardin, c'est trop bon!

Et ramassé des châtaignes,

eh oui, l'automne commençait à s'annoncer même s'il faisait 28°.

Encore un immense merci à Christian et à sa famille, chez qui je me suis vraiment sentie la bienvenue pendant ces quelques jours, alors qu'ils avaient bien d'autres choses à faire!

J'ai eu beaucoup de mal à reprendre mon train dans l'autre sens,

15° et la pluie m'attendaient à Paris-Montparnasse.

Je reviendrai!