22 Avril 2011
Je dis souvent que j'ai envie de ne pas parler que de recettes de cuisine sur ce blog, mais aussi des multiples choses qui m'intéressent et traversent ma vie...
Pour partager, et puis aussi pour m'arrêter quelques minutes et penser à ce que je viens de voir, d'observer, d'écouter, à ce qui m'a forcé à réfléchir ou à regarder la vie autrement... Une fois que c'est écrit, on peut y revenir, et puis en discuter, échanger, enrichir son point de vue de celui des lecteurs qui seront passés par là et auront eu envie de dire aussi quelque chose.
Je le dis beaucoup mais je ne le fais que très occasionnellement. Et si j'essayais vraiment?
Par exemple, il y a peu, je disais que j'allais vous parler de Winter's Bone, un film dont on ne ressort pas exactement comme on y est entré. Je l'ai vu il y a quelques semaines, il doit falloir chercher un peu si on veut
encore le voir, mais pourquoi encore remettre à après-demain ce que j'aurais du faire avant-hier? Il en vaut vraiment la peine, et s'il n'est pas trop tard près de chez vous, faites un petit
détour. C'est vraiment un film excellent et qui met en scène des personnalités de femmes
extraordinaires, ce qui est suffisamment rare pour être encouragé.
Film américain de Debra Granik avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Sheryl Lee
C'est donc l'histoire de Ree Dolly, qui a 17 ans et vit dans la forêt des Ozarks, dans le sud du Missouri. Elle prend en charge son petit frère et sa petite soeur, car son père a été emprisonné pour trafic de stupéfiants et sa mère semble avoir perdu la raison. On comprend vite que la dureté du contexte de vie n'est sans doute pas étrangère à cette fuite dans l'errance mentale.
Ree apprend donc par le Sherif que son père a été libéré sous caution et a mis en gage pour cela la maison dans laquelle vit sa famille et le terrain sur lequel elle est située. S'il ne se présente pas au tribunal, ils devront libérer les lieux.
Or Jessup, le père demeure introuvable et toute la tribu à laquelle Ree s'adresse, une sorte de famille élargie qui vit dans les alentours, la décourage de poursuivre ses recherches. Au début, on la prévient, fermement. Mais quand elle s'obstine, une violence implacable se déchaîne pour qu'elle respecte cette loi du silence, quite à tout perdre.
Jennifer Lawrence, 18 ans au moment du tournage, habite ce personnage avec une incroyable maturité. Peu de paroles, des regards qui cherchent l'espoir dans le lointain, et sans illusion, l'affrontement avec des femmes extrêmement dures qui veulent lui inculquer la loi du clan coûte que coûte, la font évoluer vers l'âge adulte à mesure que l'intrigue se noue.
Les personnages secondaires sont tous excellents aussi, John Hawkes, qui joue le frère du père recherché, a de faux airs de Dennis Hooper, et campe un personnage à la personnalité complexe, partagé entre l'envie d'aider cette gosse, sa nièce, et la fidélité à la loi du clan.
Certains acteurs sont des non-professionnels, originaires de la région, les costumes ont été empruntés à des habitants des lieux, ce qui permet une immersion immédiate dans le réalisme du monde ainsi recréé.
Donc, une sorte de quête initiatique de cette jeune femme dans un monde hostile dont elle ne peut espérer au mieux, que sa survie et celle des petits enfants dont elle a hérité de la charge.
On en resssort en ayant pris un coup de poing dans l'estomac, mais en ayant vécu un grand moment artistique.